JAN 2016 – Harry LaRosiliere

Plano Mayor Harry LaRosiliere and his wife Tracy open their doors for a peek inside their festive holiday home.

by Cindy Boykin | Plano Profile, December 2015

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Je ne saurais passer sous silence cette récente trouvaille que je juge de toute importance, non pas pour un sélect groupe d’individus, mais pour l’humanité toute entière. Le phénomène de la création a soulevé bien des débats dans le passé et en enfantera davantage après connaissance de cette évidence scientifique sur la légitimité d’Adam et d’Eve. Il est un fait certain qu’il défrayera la chronique pendant longtemps. Je vous invite donc à prendre lecture de l’article qui suit sans délai, puis de vérifier à votre gré et surtout de commenter ici au bas de la page.  J’ai hâte de savoir ce que vous en pensez.

Genetics Expert Confirms the Reality of Adam and Eve

Modern-day DNA research is confirming the biblical account of Adam and Eve, according to one genetics expert.

Though Jeason’s timeline differs, his research echoes a study claiming all men can trace their lineage to a single man who lived 135,000 years ago, a “Genetic Adam.”                                                           “The Y chromosome is passed down identically from father to son, so mutations, or point changes, in the male sex chromosome can trace the male line back to the father of all humans,” LiveScience’s Tia Ghose writes. “By contrast, DNA from the mitochondria, the energy powerhouse of the cell, is carried inside the egg, so only women pass it on to their children. The DNA hidden inside mitochondria,          therefore, can reveal the maternal lineage to an ancient Eve.”

 Answers in Genesis’ Georgia Purdom has recently released a documentary explaining her findings and the scientific support for the records presented in Genesis.

“One of the most compelling genetic evidences for an original human couple created by God is mitochondrial DNA research done by creation geneticist, Dr. Nathaniel Jeanson,” Purdom says. “He clearly shows that the common human female ancestor of us all (biblical Eve) lived within the biblical timeframe of several thousand years ago.”

Jeanson has also done research disproving the evolutionary timescale.

What the scientific jargon breaks down to is this: If evolution were true, if men and women had been roaming the planet for years, there would be more genetic diversity.

By focusing on the DNA, these scientists have been able to evaluate that men and women can trace their roots back to a man and woman, Jeason writes.

Though Jeason’s timeline differs, his research echoes a study claiming all men can trace their lineage to a single man who lived 135,000 years ago, a “Genetic Adam.”

“The Y chromosome is passed down identically from father to son, so mutations, or point changes, in the male sex chromosome can trace the male line back to the father of all humans,” LiveScience’s Tia Ghose writes. “By contrast, DNA from the mitochondria, the energy powerhouse of the cell, is carried inside the egg, so only women pass it on to their children. The DNA hidden inside mitochondria, therefore, can reveal the maternal lineage to an ancient Eve.”

For creationists, the scientific evidence backs not only the existence of Adam and Eve and the truth of Genesis, but the overwhelming support for the need of Christ in a broken world.

Without Adam, Eve and original sin, Purdom says, we wouldn’t have a need for a Savior—and salvation wouldn’t be a necessity.

But through this research, geneticists are proving the case for Christ, not just creation.

“We need the good news, grace and life, which is found in the death and resurrection of Jesus Christ,” Purdom says. “Jesus is the solution to the problem of evil that began in Genesis 3. Paul made this connection very clear in Romans 5 and 1 Corinthians 15.”

SOURCE: Catholic Say


For your edification or enjoyment, here is a list of books and articles worth reading.

Résumé – En faisant recours à l’anthropologie, à la littérature et à l’histoire haïtiennes, l’article explore les liens qu’entretient le vodou d’Haïti avec le handicap et la maladie.


Le vodou, la déficience, la chute

par Denis Poizat [Maître de conférences à l’université Lumière Lyon 2]

IDEES DE LECTURE 01Le vodou d’Haïti nous aide à explorer les arrière-mondes de la déficience et de la maladie. Tournons-nous vers ce pays des Caraïbes, première République noire dont on célébrait, en 2004, le bicentenaire de l’indépendance. Combien de personnages en ont écrit la fresque? N’en citons qu’un, le chétif Toussaint Louverture . qu’on surnomme « fatras bâton » du fait de sa constitution fragile, étant lui-même « presque infirme » . D’autres, en revanche, sont de plus sinistre mémoire : le roi Christophe , par exemple, les deux présidents à vie Duvalier, le général Cédras ou, dernièrement, Aristide, curé des pauvres défroqué.

Romain Gary et André Breton comprennent, au début du xxe siècle, combien Haïti présente une expérience saisissante. Michel Leiris salue le récit de William B. Seabrook . tandis que naît la société d’ethnologie haïtienne, attirant vers elle savants et intellectuels haïtiens, africains, européens, américains. Haïti figure, dans les années 1930, l’un des pivots de la réflexion sur la négritude de l’étudiant Senghor.

Aucune énigme à découdre ici, sinon la quête de quelques traces, références ou sédiments qui nous parlent de la diversité humaine dans le panthéon vodou et dans la littérature haïtienne. À évoquer ici le vodou haïtien, on se plaît à citer Justin Lhérisson : « Dans ce pays, l’impossible est possible et le possible impossible. Retenez bien cela et vous ne vous étonnerez de rien, ou plutôt vous vous étonnerez qu’on puisse encore s’étonner de quelque chose. »


 Transformation

Moreau de Saint Méry fut l’un des premiers à décrire, en les condamnant, les rites religieux des esclaves arrivés à Hispaniola, mais la première description ethnographique du monde vodou ne paraît qu’en 1885.  Qui serait tenté d’y voir une religion ancestrale, que les siècles auraient affadie ou folklorisée, devrait admettre que rien n’est pur dans le vodou. La colonie n’a pas perverti une religion qui lui préexistait. Le vodou est le fait de la confrontation des esclaves provenant de différents pays d’Afrique aux rares Indiens Arawak, mais surtout fruit du frottement avec les colons chrétiens. Pas de pureté donc, ni d’orthodoxie véritable, mais un syncrétisme qui, depuis le lointain Dahomey jusqu’à Bahia, au Brésil, constitue l’arc de genèse, de circulation et de transformation du vodou. Ses rites, pour savants qu’ils puissent être parfois, ne sont pas toujours fixés. Ils laissent place à cent pratiques différentes . Son clergé concède une part importante aux femmes : hounsi, mambos qui, comme les sorciers houngans, savent tracer sur le sol avec une rare dextérité les vèvès, formes symboliques, à l’aide de farine, de cendre, ou d’un autre procédé. Cette diversité donne à entendre la récitation des pater alors qu’on en appelle dans le même temps à l’esprit Damballah. La cloche de l’église catholique, du temple protestant ou des témoins de Jéhovah résonne quand on frappe le tambour dans les lakous . Au point, en effet, que les spécialistes doutent aujourd’hui qu’il s’agisse seulement d’une religion , bien que l’État haïtien ait reconnu le vodou comme telle en 2003. C’est plus que cela : un art de vivre .qu’accompagnent de constantes métamorphoses. Il était pénalement prohibé jusqu’à la révision du Code pénal, en 1953. Deux principales forces lui ont été hostiles : la présence américaine en Haïti entre 1915 et 1934 et la campagne catholique de la « renonce » en 1941-1942, tant on redoutait son air de révolte contre les persécutions politiques et policières.

Un art de vivre donc, car les esprits pénètrent tous les pans de l’existence. Chacun leur doit empreinte ou signe : amour, santé, éducation, travail, nature, pouvoir. En observant cette sorte de « paganisme d’Occident », cela nous permet, écrit Alfred Métraux en 1957, « de renouer avec notre vieil héritage classique ». Le vodou « nous séduit aussi un peu à la manière des contes de fées en nous transportant dans un monde magique sans nous demander d’abdiquer nos habitudes et nos liens avec le présent ».

Dans ses formes publiques et domestiques, le vodou irradie tout. Alfred Métraux ne manque pas de relever ce qui frappe aujourd’hui encore le visiteur s’enquérant de la santé du paysan sur la sente d’un morne : « Pas plus mal ! » est la réponse assurée. Alfred Métraux y voit l’affirmation selon laquelle toute bonne fortune aurait, d’une manière ou d’une autre, trait à quelque tractation avec les esprits.

Le monde politique haïtien, à commencer par les héros de l’indépendance, n’en était pas éloigné, pas moins sans doute que le tyran Duvalier père, médecin spécialiste du pian et ethnologue, qui sut asseoir en partie son pouvoir sur la connaissance du vodou et amplifier, par une forme d’indigénisme , le recours à son usage. Ce mouvement de l’indigénisme haïtien (1920-1940), observé par l’anthropologie et l’histoire des religions, révèle, comme en Afrique et dans les Amériques, le recours à la culture populaire pour l’édification d’une littérature parfois nationaliste. Elle a ouvert les intellectuels haïtiens à la reconnaissance de ce qui fut longtemps méprisé. Nègre, médecin, anthropologue, intellectuel, tel est le portrait de Jean Price Mars qui réfracte à lui seul tous les regards portés sur le vodou.

Nous verrons, malgré les risques de folklorisation à laquelle une rapide présentation s’expose, que le rapport du vodou avec la déficience puise d’abord aux sources du rite. Cependant, nous tenterons de montrer que ces points renvoient, notamment dans la littérature haïtienne, à une conception inquiétante de la déficience.

Brossons maintenant quelques aspects du vodou dans les liens qu’il établit avec la déficience et la maladie.


Lwas

Le panthéon vodou, selon l’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert  se trouve « au cœur des corps ». Faiseurs d’ordre et de désordre, les esprits les traversent. Ils les possédent comme un cavalier son cheval, entraînant transes et danses, érotiques parfois, autour du poteau central . Il arrive que leslwas (les esprits) agressent le corps et tourmentent l’esprit. Ainsi, les êtres possédés par l’esprit Damballah-Wedo, que les vodouisants comparent à Moïse, bégaient . Le ko krasé (corps écrasé), dekonpoze (décomposé), demanbre(démembré) est le corps malade, mais il peut être aussi le corps possédé. Petit bon ange pour l’esprit, gros bon ange pour le nom , kadav ko (corps cadavre), on ne sait quelle part de l’individu participant au rituel est assaillie. Le corps est ainsi donné comme a priori vulnérable dès lors que nul esprit ne le protège.

Qu’un possédé mange un mets préparé pour un lwa, c’est l’esprit lui-même qui s’en repaît. Les personnes initiées succombent à cette conquête au point que, dans certains cas, des femmes procèdent à des mariages mystiques, ritualisant des épousailles avec l’esprit qui devient à la fois époux, parfois même père ou mère. C’est moins la justice que la pitié que les vodouisants sollicitent des esprits . Leur mansuétude doit être flattée, faute de quoi ils peuvent envoyer sur les hommes de grands tourments. Ainsi, la folie, d’après Métraux, « est presque toujours un châtiment surnaturel  ». Capricieux, les esprits peuvent jurer, blaguer, boire comme des outres, et exiger des hommes nourriture, obéissance et promesses. Lorsque mal nourris, ils le font savoir. Antoinette Z’haubans « réclame du sang ou, à la rigueur, une bouillie de manioc au lait, bien sucré ». Lors de certaines cérémonies, l’officiant jette alentour fruits secs, maïs grillé, cacahuètes pour les esprits des morts n’osant pénétrer dans le péristyle ; ils sont, du reste, le plus souvent misérables et infirmes, rapporte Alfred Métraux . Les écarts au culte dû aux esprits seraient punis par certains troubles : le mal kadi (épilepsie), par exemple, serait la juteuse spécialité de certains houngans qui ne soignent que des maladies surnaturelles.

Crainte des esprits donc, dont les noms sonnent de manière proche et lointaine : Agaou Frégate, Ogou-ferraille, Marinette Pied Cassé, ou encore Legba, ancienne figure du panthéon dahoméen que les vodouisants ont métamorphosée en un vieillard impotent marchant avec des béquilles et surnommé Legba-pied-cassé . C’est lui qu’on invoque avant tous les autres esprits dans les cérémonies car il est le gardien des barrières, l’intercesseur des hommes auprès des autres esprits. C’est lui, comme garde des frontières, qu’on sollicite pour guérir les maladies des trous du corps , comme son équivalent Exu dans le Candomblé du Brésil. L’on trouve Zaka, qui boite également, affecté d’une lésion pianique  et qui se manifeste aux hommes vêtu en paysan pauvre, mais aussi Ti Jean petro, « nain à un seul pied », que l’on rencontre au Brésil sous le nom de Joazinho . Et puis, on cite Bossu Trois Cornes, qui compte parmi les esprits du Dahomey, où il aurait été « un monstre sacré » servi par les rois eux-mêmes.

Autres croyances ; celle d’abord qui confère aux zobops le pouvoir de se métamorphoser en créatures prodigieuses : « Ils allongent leur tête, durcissent leurs traits et se transforment, selon leur désir, en boucs, en coqs géants ou nains » Ils sont le produit de l’imagination populaire comme en témoignent les minutes des tribunaux ecclésiastiques. Nombre de sorciers, porteurs du « point loup garou », ont la capacité de se changer durant la nuit en animal : vache, cochon ou chat ; ils en profitent pour jouer des tours à des passants. La frayeur, en gâtant le sang de leurs victimes, génère ainsi quantité de maladies .. L’on mentionne également la possibilité d’acheter une âme, en bouteille ; les plus redoutables étant celles d’anciens sorciers qu’un « baigneur de cadavre » a capturées pour les vendre. La proximité de ces âmes avec des mauvais esprits rôdant dans les campagnes, épousant parfois l’allure de monstres, évoque les noms de Ti-Jean Pied Chèche, Ezili-jé-rouge, Marinette-bois-chèche, par exemple, qui, terrorisant les voyageurs, demanderaient même, par duperie, des sacrifices humains. Les descriptions de ces esprits oscillent. Ici, l’on trouve Ezili kokobe (la recroquevillée) et là, l’on côtoie la Grande Ezili, perclue de rhumatismes, qui se traîne sur les genoux. Des esprits, tel Baron Samdi, portant redingote, haut-de-forme et lunettes de soleil, semblent bien identifiés alors que d’autres ont disparu ou sont oubliés. Il est difficile, en effet, de retrouver trace du tohossou, esprit « des enfants anormaux et monstrueux adorés au Dahomey  ».

Dans un autre registre, il n’est pas impossible de rencontrer des « expéditions » au détour d’un chemin. Il s’agit pour le houngan d’envoyer la mort à un individu, s’appuyant en cela d’abord sur saint Expédit et sur Baron Samdi. Les maladies issues d’une expédition sont difficiles à soigner tant la mort est agrippeuse. Le samedi et le mois de décembre, en règle générale, seraient plus dangereux que toute autre période si l’on est exposé aux maléfices.

C’est le sort de certains vodouisants, une fois passés de vie à trépas, que de séjourner un an et un jour dans l’eau. Lorsque le froid les gagne, ils sollicitent les vivants qui, s’ils ne répondent pas à la requête, sont accablés par de graves problèmes de santé.

Entre autres aspects, le culte voué aux jumeaux, faisant intervenir les prodiges de la génétique, s’étend aux malformations anatomiques. Le fait, par exemple, qu’une personne naisse « avec les doigts collés ou six doigts prouve qu’elle a mangé son frère dans le ventre maternel  ». En Haïti, et plus largement dans la Caraïbe, qu’une femme enceinte sursaute en apercevant une personne « infirme » ou un crapaud, c’est le nouveau-né qui sera marqué par une malformation .

Cessons cette énumération pour nous saisir de l’élément du vodou le plus connu, la zombification.


Zombi

Dans le lexique du vodou élaboré par Alfred Métraux, le zombi est « un individu dont un bokor. a enlevé l’âme et qu’il a réduit en servitude ». Sorte de mort-vivant, le zombi a nourri toutes sortes de fantasmagories. Deux sources les irriguent principalement. Celle de l’Afrique d’abord, et de sa « sorcellerie » ; mais aussi l’imaginaire européen « projeté sur les soi-disant sorciers et possédés par le diable». Cependant un troisième courant traverse le vodou, de nature plus politique que mystique : celui de la servitude. C’est la mémoire vive de la dépendance, de la réduction et de l’amoindrissement de l’esprit. Le zombi incarne le souvenir de l’esclavage. Il est à la fois hybride et l’un des marqueurs de la conscience nationale haïtienne.

Voici l’un des courts récits dont Alfred Métraux truffe son œuvre : « Moi-même, à Marbial, j’ai bien pensé faire la connaissance d’une zombi. Les paysans, affolés, vinrent me chercher en pleine nuit pour m’en montrer une. Je trouvai une malheureuse folle, d’aspect farouche et qui gardait un silence obstiné. Ceux qui l’entouraient la contemplaient avec une terreur mal déguisée. Ce n’est que le lendemain que la zombi fut identifiée : une démente échappée de la maison où ses parents la tenaient enfermée  » Si cela ne nous dit rien de l’existence d’une véritable zombification, au moins en savons-nous un peu plus, au passage, sur l’enfermement. Cependant, Laënnec Hurbon  ne dédaigne pas citer des travaux. attestant l’usage de substances permettant une plus ou moins longue léthargie de personnes qui, s’éveillant, se retrouveraient captives et, en quelque sorte, esclaves. Mais c’est peut être à la signification de la mort en elle-même qu’il convient en premier lieu de s’attarder. En effet, la mort de l’individu frappe d’abord l’entourage. Les proches vérifient la réalité du décès, craignant un retour du mort parmi les vivants. Le rite du desounen consiste ainsi à détacher l’esprit protecteur auquel le défunt avait consacré son existence . La dépouille emportant avec elle toutes ses maladies, il arrive que l’assemblée lui bourre les poches, en quelque sorte, d’autres maux. Une femme, rapporte Métraux, soudoya un « baigneur » pour laver le corps du mort avec l’eau où elle avait trempé ses propres plaies, nourrissant ainsi l’espoir que le mort les emporte avec lui.

On est étonné de voir, en suivant un cortège mortuaire, qu’arrivée à l’entrée du cimetière, la clique de cuivres, solennelle jusque-là, entonne soudain un air plus vif. Tubas et buggles s’agitent et le cercueil porté à bras d’homme oscille d’abord, puis vire en rythme et se balance. Il s’agit, en le tournant en tous sens, d’égarer le mort pour qu’à son réveil, s’il est zombifié, il n’apparaisse aux vivants. Outre qu’ils sont gardés par la présence de Baron Samdi et, le cas échéant, par sa femme La grande Brigitte, les cimetières sont parfois le théâtre d’intenses activités économiques: fossoyeurs fournissant des ossements à des sorciers pour quelque préparation. Il convient, dans ce cas, de repérer ce que fut le passé des défunts, notamment parce que les talents, les imperfections ou les maladies se transmettent au-delà de la mort.

La croyance populaire confère à la zombification la faculté de faire perdre raison au zombi. Une autre histoire rapportée par Métraux  fait état d’une jeune fille zombifiée, trop grande pour entrer dans le cercueil, dont il avait bien fallu plier le cou et dont on avait, par accident, brûlé la plante des pieds avec une cigarette. Elle fut retrouvée des années après sa mort, bien vivante, la tête penchée mais sans raison recouvrée, et portant les stigmates de sa blessure aux pieds. L’on peut se perdre dans mille conjectures sur les affabulations, la déraison ou la vraisemblance de ces histoires. Le fait est qu’on les raconte, comme en ce proverbe : Zonbi ki goute sèl, pa mande rete (Le zombi qui mange du sel ne demande pas à rester).

Certes, nous sentons bien que tout cela peut être teinté de savantes et anthropologiques explications, mais certains, médecins notamment, ont souhaité analyser avec les outils de la science psychiatrique cet ensemble de phénomènes. Quel est ce peuple qui semble comme aimanté par le vodou ?


Nation

Beaucoup s’est dit et écrit à propos du vodou, au cœur d’une nation pathétique, pour reprendre l’expression de l’écrivain Jean Métellus. La surenchère ethnologique à laquelle s’expose le pays, sans en tirer du reste grand profit, n’est pas sans susciter des engouements étonnants chez les obervateurs. Peuple héroïque, plus encore, messianique, telle semble l’analyse de Bernard Hadjadj. Peu de peuples, en effet, ont supporté tant de dictatures  On ne s’étonne pas, alors, de ces vers de Price Mars : « Ce peuple qui chante et qui souffre, qui peine et qui rit, et qui danse, se résigne-t-il ? » ou de cette affirmation d’Émile Ollivier : « Notre substance est tissée de défaites et de décompositions. Et pourtant nous franchissons la durée, nous traversons le temps, même si le sol semble se dérober sous nos pas. »

Mais certains ont émis des hypothèses d’une autre nature. La pratique du vodou serait liée à un trait pathologique largement répandu. L’association du vodou à des descriptions de pathologies psychiques n’est pas nouvelle. En 1931, paraissait à Port-au-Prince Vaudou et névrose, sous la plume de Justin Chrysostome Dorsainvil. La capitale haïtienne est alors un lieu de débat pour la psychiatrie : la transe vodou est-elle proche de la grande hystérie de Charcot ? De nombreux diagnostics sont posés . On se questionne : il semble difficile de concevoir qu’autant de personnes dans le même pays puissent être sujettes à des troubles psychiques de cette nature. Au Brésil, à propos du Candomblé, l’on s’interroge aussi: « Si la possession en effet n’est qu’une crise hystérique, pourquoi y aurait-il, à Bahia, et seulement à Bahia, une telle proportion de malades ?» Certains, alors, faute de réponses satisfaisantes, considèrent que la transe ou l’allure de possession sont un phénomène normal dans certaines civilisations.

L’allure extatique des personnes, sur lesquelles les esprits paraissent avoir passagèrement mais totalement pris barre, semble dirigée, mais peut-être est-elle juste suggérée. Louis Mars  affirme que « la crise vaudouesque correspond à un état mental hystérique artificiellement créé par la suggestion ou l’hypnose », mais, observe Métraux, tout de même, ces personnes qu’on dit hystériques n’ont rien de véritablement désordonné, elles paraissent au contraire, toutes proportions gardées, assez mesurées et complaisantes. Voyons la scène qu’il rapporte: « C’est le moment que choisit Legba pour descendre sur une très jeune fille qui tomba à terre en se débattant au milieu de violentes convulsions comme pour fuir l’être invisible qui s’efforçait de la mater. Elle finit par céder et l’on profita de son abandon pour la relever. Elle tomba alors à genoux et resta ainsi les bras ballants, la tête mollement penchée sur la poitrine, au milieu des hounsi qui saluaient par leurs chants la présence du dieu. Puis la possédée, sortant de sa léthargie, reprit sa place dans le cortège comme si de rien n’était et l’on se remit en marche  » Laënnec Hurbon insiste  sur le rapport qu’entretiendraient des patients avec le bokor, atteints fréquemment, selon lui, de troubles psychiques. Mais, d’après lui, la maladie étant envoyée par les esprits, c’est à nouveau vers eux qu’il faut se tourner pour guérir ces patients ; « l’univers de l’esprit s’avère être le monde d’expression du drame de la reconnaissance pour le sujet vodouisant. Présenter un sacrifice aux lwas, se soumettre aux interdits des lwas, c’est permettre à la présence de l’autre de traverser le désir, c’est cesser de se laisser entraîner, happer par sa propre image spéculaire  c’est accéder à la parole ».

Faut-il trancher entre ce qui relève de l’histrionisme, de l’exhibitionnisme et la satisfaction que procure le rituel vodou à des gens souvent très pauvres de figurer, de temps à autre, comme des personnages importants dans le quartier ou le village? Faut-il, comme le prétend Roger Bastide, associer la possession à une confession silencieuse, une cure vivante et dansante qui n’aurait rien, ajoute Alfred Métraux, du sinistre divan psychanalytique? Ou faut-il admettre avec Émile Ollivier que les fêtes sont les splendeurs des pauvres?

Comment ne pas s’étonner, note enfin Métraux, de voir des personnes manipulant des barres de fer incandescentes, mais comment ne pas relever, aussi, qu’un regard un peu appuyé révèle qu’elles les tiennent par le bon bout… Doit-on ignorer la part de comédie, comme cette femme possédée qui épargne les taches à sa robe neuve et blanche, et cet autre qui s’interrompt dans son rôle de possédé pour répondre à son voisin ou rire d’une blague lancée par l’assemblée?

Si des diagnostics sont posés sur les vodouisants en transe, les avis se portent aussi vers l’ignorance du monde rural dans l’explication classique des causes des maladies ou des déficiences. Combien de récits montrent en effet que les déficiences ou les maux sont imputés à des maldioks , des sorts ou des malédictions ? Johanne Tremblay. souligne qu’existent les maladies dyab, bondyé et maladie lwa, sollicitant tour à tour différents systèmes de guérison ou d’intervention : médecine moderne, intervention des esprits ou de la magie. Ainsi, les matrones des mornes (fanm saj, sages-femmes), coupant encore le cordon ombilical avec un tesson de bouteille ou une lame « Gillette » rouillée, sont des vecteurs du redoutable tétanos. Et l’on se trouve en face d’au moins deux explications : mourir le corps raide du fait des loups garous ou du fait de la lame rouillée. L’observateur voyant la matrone qui, pour améliorer les conditions de l’accouchement, ajoute à la tisane quelques brindilles de nid d’oiseau ou une clé (pour que cela s’ouvre) plonge lui-même dans un état de perplexité profonde.


Chute

La métaphore de la zombification comme aliénation de la raison est l’expression d’un symptôme de dégradation. Une fois établis les parallèles entre le zombi et la servitude de l’esclave caribéen, l’on peut discerner également un signe de déchéance collective dont est responsable la ruse d’un système politique décadent. Naufrage en effet, et punition, ou encore vengeance, que cet abandon à la déraison : « de vrais regards de zombis, de demeurés », écrit Anthony Phelps . Frappante description de la zombification généralisée du peuple haïtien que donne Frankétienne, décrivant « une kyrielle de zombis pellagreux dans des rizières marécageuses ». Ils sont ces « fantômes muselés, nasillant au-dessous du silence, les zombis ont le visage défiguré, des yeux vitreux, des paupières en accent circonflexe, un nez en apostrophe, des oreilles envirgulées, des lèvres entre guillemets ». La littérature haïtienne n’a pas manqué de décrire l’enclos de la folie, ni d’évoquer la relation qu’entretiennent l’imaginaire populaire et la création littéraire avec la démence, la possession ou les troubles de l’esprit.

La zombification s’étend au peuple en une décadence collective, se portant aux nouveaux cœurs des villes, leurs bidonvilles. Rafael Lucas  montre ce grouillement dans les interstices de la ville, où naissent des êtres abrutis par la férocité : « La pluie fait pousser des nouveaux zombis, on en voit qui sortent des trous et des recoins de la ville. » Nombre d’écrivains haïtiens relatent ce déferlement épidémique de la dégradation, ils sont eux-mêmes comme hantés par cette figure du déclassé de l’esprit, automate lointain: « Les nouveaux protagonistes, écrit Rafael Lucas, sont parfois des personnages déclassés, des marginaux, des fous. » Et s’enchaîne la description de Louis-Philippe Dalembert « Démarche marine. Marmonnement. […] Épave indolente qui s’inscrit naturellement dans la mouvance du temps. Ni Diogène des Tropiques, ni artiste marginal » Désacralisation, banalisation, débâcle, détachement au bout du compte de tout processus magique. Société à vau-l’eau, comme les pluies torrentielles, lavalas, emportant hommes et esprit des hommes dans leur pente. La figure du zombi déclassé et esclave va plus loin encore, elle est celle de l’ordure et de la pourriture.

« Qu’avons-nous été sinon la preuve même qu’en cette bonne ville du Cap qui se prend pour une autre on peut pourrir armé du sens du ridicule en cercles restreints de zombies, vieux cadavres à répétition installés dans la moisissure? », écrit Émile Ollivier . Port-au-Prince est Port-aux-crasses sous la plume de Dalembert. Par le délabrement des institutions, celui de systèmes politiques dévorants, par l’effet d’une nature qui n’est plus pourvoyeuse mais croqueuse d’hommes, c’est de l’univers de l’homme dévoré et de son naufrage que se détourne le regard. Sa condition ultime, à cet homme défait, est la perte des repères.. Le fatras, qui désigne les ordures en Haïti, est le fatras bâton du peuple tout entier, pris dans une chute générale. Port-au-Prince est ville d’immondices, ville d’ordures: « ville où les microbes ont imposé leur règne triomphal sur les vaccins », écrit Émile Ollivier , elle est « vomie par la mer  ». Les individus s’y démembrent, s’y déclassent, devenant aveugles, aphasiques, déments, dans une ville fangeuse qui est « le marché de l’indigence, le parvis de la mort sans cesse recommencée ». D’un pays en débris « il ne subsiste plus qu’un pays léprosé, se désagrégeant en poussière, en rien» ; devenu un pays inconvenant, aux montagnes sans peau , ses habitants le seraient tout autant devenus ; « Quel merdier ! Tout un pays de merde… C’est dans cette merde que nous avons pris racine, que nous avons bourgeonné, que nous avons fleuri et flétri »

 Proximité, donc, entre déficience et poisse générale de la cité. La déficience est témoin de la chute, elle signe le passage de la roture au dépotoir. La dégénérescence s’atteste dans la perte des sens et dans la déraison. La géographie du pays, son allure et ses reliefs sont eux aussi déficients : mornes pelés, rivières au bord desquelles des lavandières battent le linge dans la poussière ; « elles le rinceront dans un filet d’eau, bave d’épileptique qui serpente au milieu des cailloux».

Cette lente dégradation collective, nous la lisons sous la plume de Lyonel Trouillot: « Amoncellement d’oiseaux oisifs, nous sommes les nains du mémorable, les meilleurs artisans de la contrefaçon […] ce n’est pas un pays ici mais fabrique d’échouages épiques, un lieu-dit, un herbage, précipice pour danseurs de corde, colin-maillard d’aveugles nés avec la folie des grandeurs. » Tout s’échoue, tout est vu par le filtre de la dégradation ; les tyrans sont eux-mêmes porteurs de la marque d’une inquiétante allure, le « général ivrogne et bègue » qu’évoque Émile Ollivier . dirige des sbires à propos desquels l’écrivain se demande: « Peut-être étaient-ils infirmes, le visage mutilé. Peut-être n’avaient-ils jamais eu de visage. Leurs mains, leurs doigts sur la gâchette de leurs mitraillettes étaient si crispés qu’ils se confondaient avec l’acier de leurs armes et celles-ci devenaient le prolongement de leurs corps, volumineux, gigantesques, pareils à des troncs de campêche . » On songe aussi, s’il fallait un exemple, au cinéma de Raoul Peck, à cette image d’un homme torturé par les macoutes de François Duvalier qui, ensuite, devient boiteux, têt chod et vagabond. On observe enfin, comme le souligne Rafael Lucas, dans le démembrement la phase ultime de la dégradation. C’est le « châtiment suprême » infligé au corps de Dessalines mis en morceaux et aux restes de Duvalier, qui furent déterrés et dispersés. Intégralité du corps contre peur du corps mutilé, ainsi se traduit, selon lui, la conscience haïtienne des corps, qui ne peuvent se penser qu’entiers.


Salut

Monde et hommes lentement se putréfient, gardant en mémoire cette phrase du curé Dutertre, et tentant d’y survivre: « leur servitude est le principe de leur bonheur et leur disgrâce la cause de leur salut  ». Certes, en Europe, les exorciseurs catholiques existent et prospèrent, qui marmottent ou qui hurlent. Les rebouteux, guérisseurs, faiseurs de malheurs et marabouts abondent. Les eaux des fontaines de Rome luisent de mille piécettes, les ursulines de Loudun, abonnées jadis aux transes mystiques, ont une large descendance. On la retrouve en multitude dans les églises cathodiques américaines qui ne sont pas en reste dans le nombre de transes et d’évanouissements. Le problème, en un sens, n’est pas là. Il est en dessous, dans le tréfonds du sentiment collectif d’infamie. À entendre ces récits, dans ce contexte, dans cet imaginaire aussi, la chute la plus rude, la plus aboutie, qui semble sans salut, est celle qui conduit à l’affreuse déficience et au démembrement.

Remerciement à Rafael Lucas pour sa relecture et ses conseils.

SOURCE:  logo-cairn   Reliance 3/2008 (n° 29) , p. 9-17


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European egg marketing regulations state that storing eggs in cold storage and then leaving them out at room temperature could lead to condensation, which could promote the growth of bacteria on the shell that could probably get into the egg as well.... Read More: http://www.whydontyoutrythis.com/2015/09/heres-why-you-should-not-store-your-eggs-in-the-refrigerator.html
European egg marketing regulations state that storing eggs in cold storage and then leaving them out at room temperature could lead to condensation, which could promote the growth of bacteria on the shell that could probably get into the egg as well…. Read More: http://www.whydontyoutrythis.com/2015/09/heres-why-you-should-not-store-your-eggs-in-the-refrigerator.html

 


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Is this a new trend? That doesn't look good for others who have been accused of the same previously.
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The cost of tuition for full-time college students has seen a steady increase for decades, a concerning trend for future high school graduates. This trend, coupled with the recent decline in median household income, makes the task of affording higher education even more challenging.

An Israeli-tested drug that tackles cancer through sophisticated manipulations of the body’s natural immune system was key in helping rid former US president Jimmy Carter of life-threatening tumors that developed after he was diagnosed with melanoma earlier this year.
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If you have a student loan (and we're guessing you do—the researchers at ProjectOnStudentDebt.org say seven of 10 college students who graduated in 2013 owed money on a student loan, averaging nearly $30,000 in debt each) or would love to help others knock down those payments, you'll want to know about SponsorChange.
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Here are the recent news from Haiti. Click on the pictures to access the articles.


2015 est sans le moindre doute l’une des années les plus difficiles qu’Haïti ait connu, marquée par des tumultes de toutes sortes relatives à la période électorale et aux multiples confrontations entre le pouvoir et l’opposition politique. La rédaction de E-Haïti a sélectionné pour vous les 10 événements majeurs qui ont le plus marqué l’année 2015 non par ordre chronologique mais par rapport à leur degré d’importance et d’impact sur la vie socio politique.
2015 est sans le moindre doute l’une des années les plus difficiles qu’Haïti ait connu, marquée par des tumultes de toutes sortes relatives à la période électorale et aux multiples confrontations entre le pouvoir et l’opposition politique. La rédaction de E-Haïti a sélectionné pour vous les 10 événements majeurs qui ont le plus marqué l’année 2015 non par ordre chronologique mais par rapport à leur degré d’importance et d’impact sur la vie socio politique.

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SAK PASE, AYITI 09

 


SAK PASE, AYITI 08

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The two are thought to have died overnight between December 29 and 30 in their quarters in Cap Haitien, Haiti's second city, in the north of the country.
The two are thought to have died overnight between December 29 and 30 in their quarters in Cap Haitien, Haiti’s second city, in the north of the country.

Menacés d’expulsion, plus de 3000 Haïtiens sans-papiers, habitant principalement à Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies, se montrent très anxieux pour leur avenir au Québec. Ils réclament au gouvernement libéral de Justin Trudeau une résidence permanente et n’hésitent pas à se faire entendre dans les rues.
Menacés d’expulsion, plus de 3000 Haïtiens sans-papiers, habitant principalement à Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies, se montrent très anxieux pour leur avenir au Québec. Ils réclament au gouvernement libéral de Justin Trudeau une résidence permanente et n’hésitent pas à se faire entendre dans les rues.

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Dans certaines régions d’Haïti, la mer est affectée par des alguesNEW YEAR

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